Manuel imprimé de Wu HuiQing (1936)
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En décembre 1924, le manuel martial "WuShu" écrit par WuYing, et jusqu'alors transmis de génération en génération, fût endommagé, puis dérobé dans le tumulte de la deuxième guerre de Zhili-FengTian. C'est ainsi qu'en 1927, Wu HuiQing commença à écrire une nouvelle version du manuel (cf la page sur "Wu HuiQing" pour plus de détails") avec l'aide de Qiang RuiQing (强瑞清). A partir du manuscrit original écrit à la main, 10 copies furent imprimées par lithographie. Malheureusement, le manuscript original fût volé dans la maison de la famille Wu pendant la révolution culturelle, et seulement 3 ou 4 copies du manuel ont survécu jusqu'à aujourd'hui.
Ce manuel est composé d'une preface, d'un arbre généalogique allant de la 1ère à la 6ème génération des pratiquants de BajiQuan, et de différents paragraphes décrivant des éléments de la pratique BajiQuan. Ces paragraphes sont écrits sous la forme forme de petits "chants martiaux" (QuanGe, 拳歌) métaphoriques et parfois obscurs. Parmi ceux-ci on trouve des descriptions de taolus à main nue : chant du BajiQuan (八极拳歌), 64 formes de main de Wu LinShu, six pointes de coude (Liu Zhoutou, 六肘头), quatre étendues lumineuses (Si LangKuan, 四郎宽), boxe de l'ancêtre suprême (Tai Zong Quan, 太宗拳), etc. et des formes avec armes : sabre qui soulève le saule (TiLiu Dao, 提柳刀), grande lance des 6 harmonies (LiuHe Da Qiang, 六合大枪), bâton du promeneur (Xingzhe bang, 行者棒), etc ...
Vous trouverez ci-dessous une traduction de la préface de ce manuel :
" Préface
Les arts martiaux chinois puisent leur origine dans les temps les plus anciens. Selon la légende, ils sont apparus quand l’Empereur HuangDi a commencé à forger des armes. Après que Sun Wu ait écrit BingFa (i.e. « l’art de la guerre »), parmi les pratiquants d’arts martiaux il y eut une jeune fille (i.e. la « Dame de Yue », également connue sous le nom de la « jeune fille de la forêt du sud »). A l’aide d’épées et de hallebardes, elle a instruit plus de 3 000 personnes de royaume de Yue, afin de détruire le royaume de Wu. Après ceci, l'art du combat se répandit largement jusqu'à l'époque des royaumes combattants, et les maîtres du combat à l'épée devinrent célèbres au cours de cette période. Ces personnes furent engagées en tant qu'instructeurs martiaux par les nobles et les rois, et cette tradition était florissante. À partir de la dynastie Qin et Han, cette tradition a diminué graduellement. Toutes ces personnes avaient des talents rares et particuliers, assez pour stupéfier le monde entier. Cependant les anecdotes à leur sujet furent seulement relayées par transmission orale. Un grand nombre d’entre eux ont eût une vie indigne comme bouchers ou employés ou comme moines bouddhiste ou taoïstes. En outre, les écoles se sont divisées dans des branches distinctes. De plus, les écoles de la source se sont elles-mêmes divisées. Il est difficile de comprendre pourquoi il en est devenu ainsi. Zi Xia (i.e. un de disciple de Confucius) a indiqué que même les arts mineurs sont dignes de perspective. Craignant que les personnes incultes pensent que tous ces arts mineurs n'ont aucun intérêt, Zi Xia a fortement réfuté cette façon de penser. Depuis que l'empereur Qin Huang a centralisé l'armée, et que les dynasties Han et Wu ont favorisé le confucianisme, donner moins d'importance pour des arts martiaux et plus à la littérature est devenu la tradition. Après le livre ShiJi de SiMaQian (i.e.. un historien chinois vivant sous le règne de l'empereur WuDi), il n'y eût aucun auteur qui enregistra l'histoire des assassins et des chevaliers errants. Ainsi, la transmission des arts martiaux n'a plus été enregistrée avec l'histoire littéraire et académique du pays. En outre, les pratiquants d’arts martiaux ne pouvaient pas enregistrer leur histoire eux-mêmes, ce qui a mené à négliger la tradition. Il était également devenu impossible de retracer l'origine d'une branche d'école, et ceci était lamentable.
Mon ancêtre Wu Zhong était un pratiquant exceptionnel de BajiQuan du nord de la Chine. Il a reçu son art de Lai et l'a affiné avec Pi. Sa maîtrise dans le combat a été louée par les princes et les nobles de son temps. Il a enseigné à plus de 150 élèves et sa maîtrise martiale a été considérée comme un accomplissement le plus élevé. Par la suite, craignant que son style appelé YiShu (i.e. « style peu commun ») ne tombe dans l'oubli, il a établi le manuel de l'école du BajiQuan afin d'enregistrer son développement. Dans ce manuel, Lai est considéré comme la première génération et Wu Zhong et Pi sont considérés comme la deuxième génération. Jusqu'à présent, neuf générations ont passé. Récemment, quand la République Chinoise a été établie, le gouvernement a encouragé la pratique des arts martiaux parce qu'il a craint que le pays manque de forces. L'étude des arts martiaux a commencé à se développer à nouveau. Ainsi, les maîtres justes et courageux, et les jeunes sortant des villages pour apprendre des arts martiaux ont été nombreux dans la province du Hebei. Par conséquent, maintenant que le pays favorise les arts martiaux, moi WuHuiQing, descendant de Wu Zhong, je ne pourrais pas supporter d’être blâmé pour avoir échappé à ma responsabilité de décider si notre art martial doit subsister ou disparaître. Ainsi j'ai décidé de reconstruire et continuer le manuel de l'école du Baji Quan. Je m'inquiète du fait que les affaires humaines sont imprévisibles, et de ce qui pourrait se produire si nous devions encore supporter les tumultes de la guerre. La maîtrise unique de notre ancêtre a été transmise pendant plus de 200 ans et elle disparaîtrait dans ce cas. Ma faute ne serait pas pardonnable. J'ai voyagé loin pour chercher la cause que nous ont laissée nos ancêtres. J'ai recueilli assez de documents écrits et d'argent pour imprimer un livre, en grande partie grâce à l'aide Qiang RuiQing, héritier de la 6ème génération. Ainsi, la transmission du BajiQuan restera continue pour l'éternité et ne déclinera pas. Cet art sera préservé, et puisque le pays encourage les arts martiaux, cela sera une aide précieuse. J'aurai également une autre contribution : le BajiQuan est une école d’arts martiaux, si toutes les écoles comprennent le besoin du pays envers les arts martiaux, alors chacune d'elles aura son propre manuel martial. Comme les 72 disciples de Confucius ont transmis la connaissance des classiques, comme les six patriarches du zen ont communiqué toute leur connaissance à leurs disciples, nos arts martiaux seront continus comme un fil et ils seront transmis pendant plusieurs milliers d'années parmi nous, les descendants de HuangDi. Les arts martiaux brilleront comme le soleil et la lune, et ils seront comme une rivière libre de couler à nouveau. Puis, notre pays faible et accablé redeviendra fort. Il sera magnifique, des montagnes de Kulun à l'ouest, à la Mer de Bohai à l'est, et notre école du BajiQuan en sera glorifiée. Ceci est mon humble espoir.
Préface écrite avec soin par Wu HuiQing, 25ème année de la République Chinoise, 13ème année du cycle sexagénaire (c.-à-d. 1936), premier mois lunaire."